Tu ne peux jouir du monde comme il se doit tant que le ciel lui-même n’est pas devenu ton couvre chef » Thomas Traherene
SAGARMATHA NATIONAL PARC
- 11ème jour, 28 mars 2018: Namche (3440 m) – Tengboche (3860 m)
Quitter Namche Bazaar, en direction du Camp de base de l’Everest (EBC), c’est aussi rentrer plus profondément dans le Parc nationale du Sagarmatha. Ce sommet qui est le plus haut de la planète, avec ses 8848 m, est aussi appelé « Chomolungma » par les Tibétains.

Le premier jour de marche se passe à merveille! C’est un Bonheur de cheminer par cette belle journée de printemps, au pied de ces montagnes! En remontant la vallée, je suis tout de suite charmé par la silhouette gracieuse de l’Ama-Dablam (6812 m): cette fascination durera tout le voyage. Dans la Beauté du jour qui s’éveille, elle apparaît comme une ombre lumineuse découpée dans du papier de soie, ou comme une étrange fée bienveillante.
Afin de respecter le temps d’acclimatation à l’altitude tel que le recommande le poste de santé de Namche Bazaar, je ne monte pas plus de 400 mètres en ce jour, et décide de m’arrêter dans un des lodges construit autour du monastère de Tengboche (3860 m).



- 12ème jour, 28 mars 2018: Tengboche (3860 m) – Dingboche (4410 m)
Le lendemain matin, tout le paysage s’est couvert de neige… L’ambiance change du tout au tout: des débuts du printemps, on replonge dans l’hiver, mais un hiver enchanté où la neige et le soleil se conjuguent pour donner des airs de magie au paysage.

Marcher dans les forêts qui entourent le monastère donne l’impression de cheminer au Paradis. Il n’y a plus, alors, réellement de mots pour décrire la Splendeur de ces montagnes.



AMA DABLAM, mon amour

Cette montagne aura été le coup de coeur de ce voyage: sa présence bienveillante, la beauté de sa couronne enneigée, sa silhouette élancée et délicate n’ont cessé de me fasciner. Apparaissant tour à tour fée, sorcière, ou animal féroce, elle captive le regard et se transforme continuellement au cours du jour suivant les changements d’humeur de la météo.
Nangkar Tshang (5325 m)
- 13ème jour, 30 mars 2018: Dingboche (4410 m) – Nangkar Tshang (5325 m) A/R
Toujours afin de m’acclimater à l’altitude, je prends un jour de repos et le met à profit pour grimper sur les pentes du Nangkar Tshang, jusqu’à un petit promontoire qui fait office de sommet. L’altitude du lieu est respectable, et les conditions sont belles et sauvages. Alors que je m’approche du sommet, des nuages montent de la vallée et le recouvrent. La fine couche de neige, tombée la nuit, ajoute encore à la dramaturgie du lieu. Mais je m’y sens bien, et savoure le plaisir d’être à cet endroit, qui semble tellement loin de tout.

… Soudainement, comme je quitte le sommet, la silhouette enneigée de l’Ama Dablam apparaît au travers des nuages éclairée par un rayon de soleil. Aussi vite qu’elle est venue, cette vision s’en va et replonge la montagne dans la brume…

CHUKKUNG
- 14ème jour, 31 mars 2018: Dingboche (4410 m) – Chukhung (4730 m)
- 15ème jour, 01 avril 2018: Chukhung (4730 m) – Chukkung-Ri (5550 m)
Montée dans le petit matin au Chukkung Ri, qui partage avec le Kala Patthar, la même altitude, et qui constitue donc l’un des deux plus hauts sommets de ce trek. J’y monte dans la solitude la plus totale… profitant ainsi avec le jour qui se lève, de vues somptueuses sur l’Ama Dablam. En arrivant au sommet, je savoure un panorama stupéfiant dans toutes les directions, et notamment sur le ‘mur’ du Lhotse (8414 m) qui constitue une paroi verticale de glace de 3500 mètres. Quelle montagne impressionnante!




- 16ème jour, 02 avril 2018: Chukhung (4730 m) – Point de vue (5100 m) – Thukla (4620 m)
L’émerveillement continue… J’ai repéré sur la carte un petit promontoire qui pourrait offrir un beau point de vue sur l’Ama Dablam et le Lhotse. Pour l’atteindre, je chemine à vue d’oeil, par un itinéraire non renseigné sur la carte. Il faut traverser un torrent, et monter une petite crête herbeuse facile. De là-haut, la vue est splendide sur la face Est de l’Ama Dablam et toute la face Nord du Lhotse. La réalité s’est révélé bien à la hauteur de l’espoir mis dans cette petite escapade tant ces 2 montagnes apparaissent alors dans toute leur grandeur…



AU PIED DE L’EVEREST
- 17ème jour, 03 avril 2018: Thukla (4620 m) – Gorakshep (5140 m)
- 18ème jour, 04 avril 2018: Gorakshep (5140 m) – repos
- 19ème jour, 04 avril 2018: Gorakshep (5140 m) – Kala Patthar (5550 m) – Lobuche (4910 m)
Après cette parenthèse enchantée au pied de l’Ama Dablam, je retrouve la foule des trekkeurs, décidés pour la plupart à atteindre l’EBC, à savoir le camp de base de l’Everest (Everest Base Camp). Pour ma part, l’objectif, est plutôt de remonter la vallée jusqu’au sommet du Kala Patthar (5550 m) qui devrait offrir un panorama remarquable sur l’Everest et le Nuptse. Avant de partir, j’avais imaginé ce lieu comme l’aboutissement et le point d’orgue de ce trek… Ce ne fut pas réellement le cas! Comme souvent, dans les voyages, ce qui nous touche le plus est rarement là où on l’attend…
À GORAKSHEP
Le village de Gorakshep, situé à 5140 m d’altitude, est le point de passage obligé pour se rendre soit au Kala Patthar, soit au camp de base de l’Everest. Créé pour les trekkeurs, il est situé sur le rebord d’une moraine immense qui descend de l’Everest: tout l’environnement est glacial à ses hauteurs et le luxe apporté par les différents lodges est tout relatif! …mais enfin, pour un bon prix, il est possible d’avoir sa chambre avec une vue sur l’extérieur dans la plupart des cas… (les chambres qui ne proposent pas de fenêtres et semblent mortifères sont gratuites quant à elles!)
L’extérieur est constitué d’un cadre de montagnes immenses, couvertes de glace. De ce point de vue, la paroi Nord du Nuptse (7855 m) est réellement impressionnante, elle forme un mur de glace vertical qui s’élève sur quelque 2700 mètres.
Ici, l’altitude est à prendre vraiment au sérieux: passer la nuit à ses hauteurs demande de s’y être bien acclimaté. Pour ma part, la première nuit s’est plutôt mal passée: indigestion carabinée et vomissements fréquents me vident de toute énergie. Le lendemain matin, je n’ai tout simplement plus aucune force… Les gardiens du lodge, qui sont des jeunes Népalais, me demandent s’il faut faire appel à l’hélico pour me redescendre dans la vallée… Cette perspective semble les amuser, moi un peu moins…
Je retrouve un peu d’entrain le lendemain, et assez de forces pour gravir dans la nuit les pentes qui montent au sommet (lever à 4h30). C’est une nuit couverte par la brume et il faut beaucoup de motivation pour partir ainsi, car le risque de ne rien voir est grand. Une heure passe et les nuages se lèvent, laissant apparaître, le premier rayon de soleil sur la pointe sommitale du Nuptse, au-delà de laquelle apparaît enfin, la pyramide noire de l’Everest. Encore un petit effort et j’arrive en compagnie d’autres marcheurs au sommet du Kalla Patthar. De la mer de nuages qui remontent la vallée, surgit à nouveau l’Ama Dablam, qui d’ici aussi, offre un spectacle fascinant…



Il n’est pas nécessairement très agréable de rester longtemps à Gorakshep: le lieux n’est pas fait pour cela d’ailleurs. Aussi, dès le retour du Kalla Patthar, je boucle mon sac et redescends vers Lobuche où je prends un peu de repos et, découvre sur la carte, un petit sommet appelé ‘Awi Peak’ qui semble réalisable dès le lendemain.
MONTÉE à AWI PEAK (5245 m)
- 20ème jour, 06 avril 2018: Lobuche (4910 m) – Awi Peak (5245 m) A/R
En montant à Awi Peak, je retrouve le plaisir simple, que j’avais enfant, à explorer les prairies et rivières aux alentours de ma maison. Ce sommet, s’il était en Europe, serait probablement très fréquenté pour son panorama: il offre une vue à 360 degrés, sur toutes les montagnes environnantes (Lobuche, Cholatse, Arakam Tse, Pumori, Ama Dablam). Ici, il n’en ait rien, tout au plus apparait-il comme une ‘colline’ à contourner… et c’est uniquement en compagnie des oiseaux qui survolent les lieux que je marche. Aucun chemin non plus ne mène au sommet! Il faut y aller au jugé. Ce lieu est parfait pour celui qui cherche un peu de Solitude…

