« Les hautes-montagnes sont le refuge de la Sagesse.
C’est là qu’on voit ce qu’il y a de plus beaux, de plus célestes, et de plus infini sur terre. »
( Henry Russel, Souvenirs d’un montagnard )
POÉSIE DES HAUTEURS
L’ombre d’un vautour croise la mienne et leurs ballets se prolongent dans le ciel ;
Bientôt la neige recouvrira ces étendues : grande tourbière bosselée, où la présence des cerfs n’est jamais bien loin, arbustes taillés comme dans un jardin.
Les sources se sont taries d’un été trop chaud ;
Tons gris d’une hêtraie, étendue d’herbes désolées, ocre brune. Un épicéa, vert profond comme la nuit, s’en détache…. Multiples craquements. Un hiboux a été dérangé de sa cachette et s’envole aussitôt.
…. Ciel gris, et pourtant, tout semble montrer qu’un miracle est possible:
Etre soi-même enfin,
dans l’odeur des forêts,
dans le bruissement des feuilles qu’on piétine.
S’ asseoir dans l’herbe rase, tout contre un rocher où des lichens dessinent autant de planètes nouvelles. Et attendre.
Attendre que la nuit arrive et glisser avec elle…
Quel bruit bientôt nous surprendra?
Retrouver – enfin – un peu de la sensibilité, qui nous rend présent à chaque mouvement, à chaque effleurement du vent sur les herbes, dans le branchage des arbres, sur son visage nu /
La lune maintenant est apparue par delà les nuages,
Demi-lune parfaite, il fait encore jour ;
Je la regarde ou elle me regarde,
Qui donne à l’autre sa lumière?
Ici – enfin – se retrouver,
Loin de tous ces flatteras du monde,
Soulagement et repos
SI JE MARCHE
C’est pour l’amour de la Beauté que je marche,
Là-haut, sur la crête faîtières qui monte au sommet
Tu es subjugué, tu ouvres les bras, pour mieux étreindre,
cet ESPACE, qui dans toutes les directions est devenu Immense.
CÎME: C’est Ici Mon Espace. C’est ici mon rêve.
La montée n’a pas été facile, mais ici,
Ne te serais-tu pas rapproché du ciel?
Les oiseaux des Hautes-solitudes et les rapaces
sont devenus tes amis.
C’est avec eux que tu cohabites,
avec le soleil et le vent, qui, ici,
ne trouvent rien pour les arrêter
Viens à moi, esprit des montagnes,
Emporte-moi,
Plus haut encore,
où se trouve ma maison
Je me suis blottis dans tes bras, tu étais un nid protecteur,
et j’ai laissé mon esprit vagabondé vers toi,
LIBRE, j’ai songé à toi,
Tu étais Silence Lumineux et Paix.
MONT-PERDU
A l’abris du vent,
Dans ce petit nid d’altitude,
Je sens la chaleur du soleil sur mon visage,
Et je rends grâce, d’être en ce lieu,
D’avoir pu, une fois encore,
Profiter de toutes ces beautés
ANISCLO
Ici, personne.
Si ce n’est de vastes espaces,
la lumière du soleil et le vent ;
C’est le domaine des grands rapaces, des isards et de la Haute-Solitude,
où court un vent libre et Sauvage
IMMADOUZEN
Entre les eaux,
entre les roseaux,
Poussaient des alizés sauvages que le vent fait frémir :
Tremblement d’une âme nue :
Quant donc finira ce monde irréel?
en MONTAGNE
Dans quelques vallons sauvages et solitaires,
baignés par la lumière du soleil,
dans un cirque de montagnes vertes où semble bondir de joies les torrents,
où s’épanouissent d’innombrables fleurs,
jaunes comme autant de soleil,
les azalées et leur multitudes de fleurs roses,
quelques myosotis épars,
Bien souvent, il m’est arrivé de tomber amoureux.
Devant le calme et vaste horizon rencontré ce matin,
Seul, sur le sommet d’une montagne,
Chantant des chants de grâces,
et étant infiniment reconnaissant devant toute cette Beauté,
Bien souvent, il m’est arrivé de tomber amoureux.
Comme si, là-haut, se trouvaient quelques mystères cachés,
en MONTAGNE
Elle parle de quelque chose de plus grands,
Elle invite à descendre en soi-même
à demeurer au plus près de sa Beauté.
C’est dans un langage brute et directe qu’elle s’adresse à l’Homme.
Pas de fausses pensées, ni de considérations complexes.
C’est dans cette Simplicité que se trouve sa Beauté.
Elle évacue le flatteras des croyances,
et rend l’Homme à sa nudité.
Pas de fausses apparences ici.
ÉMERVEILLEMENT
Le vent doucement souffle dans l’herbe sauvage à perte de vue,
de mignonnettes fleurs blanches s’accrochent dans un pierrier.
Il dit au ciel et au nuages: « prends-moi, prends-moi ».
L’herbe maintenant scintille des mille feux du soleil.
Au passage d’un insecte ou d’un oiseaux bien rare,
Il n’y a plus désormais que le ciel bleu.
AUBRAC
« Qui dira le calme infini de ce coeur
où la voix du Verbe résonne…. » Dom Angelico Surchamp
Immensité herbeuse de l’Aubrac.
Ciel bleu à l’infini.
Quelques nuages sur l’horizon, comme des pensées lointaines ;
DELICES
Sous le bois
Toute la traversée de la forêt s’est faite dans la grâce permanente, en compagnie du chant des oiseaux et du soleil délicieux. Je marchais le plus lentement possible pour que le temps ne s’arrête jamais, pour que toujours je puisse goûter ces instants de délices sans pareil.
« Je Vous rend grâce de m’avoir fait vivant, et de me montrer à travers ce monde manifesté votre Infini, votre Plénitude. »
Telle était bien en ces instants la prière qui montait en moi et m’animait d’une joie profonde.
RIVAGES
Rivages Lointains, où le ciel et la terre se rencontrent,
en un lieu vide ouvert comme un espace de contemplation.
Sur le bord de ces terres où finissent le pays
il se tient debout et regardent non plus la mer, non plus le ciel,
mais ce vide qui l’envahit alors
FINISTERRE
…où les terres finissent
« Comme le temps s’envole,
qui nous prends ces instants,
qui furent les plus beaux de nos vies… »
TOI
…dans la demi-obscurité de cette chambre où se scella notre amour…
Je me souviens de l’amour dans lequel nous étions,
et je ne parviens pas à m’en défaire.
Quant je repense à toi, me reviennent
les délices et les enivrements de nos étreintes.
Je me souviens de chacun de tes mots, de chacun de tes gestes,
Quelle suavité, c’était, de caresser ta peau,
de sentir ton odeur
Et je n’ai rien oublié de ces instants qui furent les plus beaux de nos vies,
ces instants où nous nous sommes aimés.
Je voudrais tant revenir dans ces jours où nous nous sommes aimés;
et y être encore et t’y aimer encore,
Juste une dernière fois, me rapprocher de toi,
et retrouver pour un jour ou une nuit,
Ces mêmes gestes que j’ai aimé, ton corps, ton odeur et ta voix,
nos visages si proche l’un de l’autre, dans la pénombre d’une première et dernière nuit.
« Je voudrais t’étreindre une fois encore,
et que cette étreinte dure toujours,
et qu’il n’y ait plus, dans ma vie, que cette étreinte avec toi,
que cet amour qui dure toujours. »
MON AMOUR
Il n’y avait plus que toi, ce soir, mon amour, dans la salle qui dansait…
Les autres invités n’étaient plus qu’un décor animé de cartons pâtes :
si il ou elle me parlait, je ne les entendais pas ; si il ou elle me regardait, je ne les voyais pas.
Il n’y avait plus que toi, ce soir, mon amour, dans la salle qui dansait…
J’ai posé ma bouche sur tes paupières closes,
et j’ai vu ton visage rayonner de joie.
Sous tes paupières fermées, j’ai vu tes yeux briller d’amour.
Notre danse, alors, n’était-elle pas la plus belle,
quant dans nos ventres brillaient les soleils qui se rencontraient?
Tu étais lierre, buisson ardent et papillons passionnés –
avant même que nos bouches ne se soient étreintes…
Qui étais-tu? Quelle langue parlais-tu? Et pourrions-nous nous rencontrer?
Je voulais t’écrire pour que ne meure pas complètement le souvenir de ta mémoire:
je t’ai fantasmé, je t’ai rêvée,
puis, ce jour, tu étais là, nue
sur mes genoux, assise
comme un soleil luisant de rosée blanche.
Tu étais là ; tellement ; réellement, qu’il semblait que même les plus hautes montagnes de l’Himalaya ne pourraient contenir cet Amour…
… Puis tu es partie, comme tu étais venue, marchant vers d’autres horizons ;
La porte close désormais.
Les montagnes sont redevenues plaines –
Plaines brumeuses du Nord dans lesquelles se pleurent ton Absence.
VOUS
Vous avez déposé en moi le parfum de Votre nostalgie.
Vous m’avez offert ce qu’il faut d’émerveillement, pour que je continue de Vous chercher.
Cette douceur que vous m’avez montré, n’était pas de ce monde.
Aussi, c’est pourquoi, toujours il faut que je reprenne mon bâton et marche vers Vous.
Vous êtes l’émerveillement même et la Grâce.
C’est pour la Beauté de votre Visage que je marche,
pour la suavité de Votre étreinte.