Tour des Ecrins

« Tous les hommes pensent que le Bonheur réside au sommet de la montagne, alors qu’il réside dans la façon de la gravir » (Confucius)

Le tour des écrins, également appelé Tour de l’Oisans, fait partie des itinéraires de grandes randonnées (GR) des Alpes françaises. Il propose une boucle de 10 à 15 jours autour de ces massifs. Assez exigeant, ce circuit propose de s’approcher de quelques-uns des plus beaux et sauvages sommets des Alpes Françaises: Meije (3983 m), Pelvoux (3946 m), Sirac (3441 m) ou Olan (3564 m).

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En Rouge, l’itinéraire officiel. En jaune, l’itinéraire suivi.

L’itinéraire ‘officiel’, appelé ‘GR 54‘ (itinéraire de Grande Randonnée numéro 54), propose une boucle de 176 km avec 12800 mètres de dénivelé positif. L’itinéraire que je suivrai, comme on peut le voir ci-dessus, paraît un peu plus long, mais offre en réalité un dénivelé moindre: ce sera tout de même au final 11400 mètres de dénivelé positif en 10 jours, et la même chose en descente !

Jour 1: lundi 25 juin 2018

le Bourg-d’Oisans (722 m) – l’Alpe d’Huez (1842 m) – la Croix de Cassini (2373 m) – Clavans-le-Haut (1398 m) (Dénivelé positif: 1763 m, dénivelé négatif: 934 m)

Le chemin n’est guère aisé à trouver à la sortie de Bourg-d’Oisans et une déviation m’envoie en direction de l’Alpe d’Huez ; pas de problème, je passerai donc par ce côté de la montagne. La journée est facile et me permet de grimper déjà sur un premier sommet: La croix de Cassini (2373 m) qui offre un parcours de crêtes intéressant pour rejoindre le col en contre-bas. En ce début d’été, la floraison des alpages est abondante et variée, on rencontre des champs entiers d’Asphodèles blancs qui s’offrent aux insectes butineurs et au regard admiratif des marcheurs.

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La Croix de Cassini (2373 m)

 

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Asphodèles blancs

Jour 2: mardi 26 juin 2018

Clavans-le-Haut (1398 m) – Besse (1564 m) – Plateau d’Emparis (2459 m) (Dénivelé positif: 1238 m, dénivelé négatif: 177 m)

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Le balisage du GR 54

La signalisation du GR est très claire, on ne peut la rater… on a emprunté le bon chemin. C’est un bonheur de marcher dans de beaux alpages verts brillants où se trouvent blottis quelques villages typiques de montagne, comme Besse-en-Oisans plein de charme et qui semble surgir d’une autre époque. De là, monter sur le plateau d’Emparis (2459 m) à travers d’immenses alpages est un vrai plaisir.

Le plateau offre un point de vue remarquable sur la Meije (3983m) et le Râteau (3809m). Plusieurs lacs parsèment ce plateau et reflètent dans leurs eaux ces sommets: le Lac noir et celui de Lérié sont parmi les plus spectaculaires… Je passerai la nuit au bord du premier et serai émerveillé, le soir venu, par les derniers rayons du soleil qui illuminent de leur teinte rosée les cimes des montagnes; derrière la Meije, la lune vient d’apparaître… instant de magie…

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La lune se lève entre la Meije et le Râteau depuis le Lac Noir (2456 m)

Jour 3: mercredi 27 juin 2018

Plateau d’Emparis (2459 m) – la Grave (1481 m) – col d’Arsine (2340 m) – ruisseau du Petit Tabuc (1880 m) (Dénivelé positif: 988 m, dénivelé négatif: 1522 m)

Quelle merveille de se réveiller dans un si bel endroit! Plus je me rapproche de la Meije, et plus sa silhouette gracieuse et élancée me fascine. Tout le parcours qui descend vers les villages du Chazelet et de La Grave, offre des vues saisissantes sur cette montagne qui est considérée, à juste titre, comme une des plus belles des Alpes Françaises.

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Lac Lérié

 

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Meije (3982 m) et Râteau (3769 m)

L’été ne fait que débuter mais la chaleur est déjà caniculaire. De partout, des torrents de montagne au débit impressionnant dévalent les pentes. En montant vers le refuge du Villar d’Arène, des cascades au bruit assourdissant grondent dans le fond des vallées: à cette période de l’année, les montagnes dégagent une énergie incroyable, la vie s’y exprime avec puissance et force.

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Le ‘Réou d’Arsine’,  lac laiteux à proximité du col d’Arsine (2340m) au pied des Agneaux (3684 m)

Parti au lever du jour, je marcherai jusqu’à la nuit tombante et c’est en surplomb d’un petit torrent, à l’ombre de pins à crochets que j’installerai mon bivouac.

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Bivouac pour la nuit

Jour 4: jeudi 28 juin 2018

Petit Tabuc (1880 m) – col de l’Eychauda (2425 m) – Tête de l’Yret (2830 m) A/R – Vallouise (1172 m) (Dénivelé positif: 930 m, dénivelé négatif: 1644 m + A/R Tête de l’Yret)

Avec la présence des remontées mécaniques et pistes de ski, la montée au col de l’Eychauda est en partie dénaturée. Depuis ce col, on peut facilement, en 1 heure de marche, rejoindre la tête de L’Yret. Une vue intéressante sur les lacs de l’Eychauda, qui se trouvent de l’autre côté de ce petit sommet, s’offre alors au marcheur…

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En montant à la tête de l’Yret (2830 m)

Après avoir passé 3 nuits à dormir dehors, je m’offre une nuit en gîte ce soir, dans le petit village de Vallouise, et rencontre pour la première fois du séjour (!) plusieurs autres randonneurs qui marchent également sur le GR 54. Nous sommes tous partis le même jour et nous étonnons de ne jamais nous être croisés durant ces jours de marche. Nous échangeons nos impressions et évaluons pour le lendemain la possibilité de passer ou non le col de l’Aup Martin (2761 m), point culminant du GR 54.

 

Jour 5: vendredi 29 juin 2018

Vallouise (1172 m) – col de la Pousterle (1763 m) – vallon du Fournel (1389 m) – Grande Cabane (2235 m) (Dénivelé positif: 1443 m, dénivelé négatif: 374 m)

Suite aux discussions de la veille, je décide de contourner le col et m’engage par une variante en direction du vallon du Fournel… En ce début de saison, les névés sont encore bien présents et interdisent certains passages sans piolet…

C’est encore une belle journée de marche qui m’attend, passant d’abord par de superbes forêts où la flore est toujours aussi riche, puis montant à travers les alpage du vallon sauvage du Fournel. Je me sens heureux de marcher dans cette vallée solitaire où je ne croise personne…

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Grande Cabane (2235 m) – Vallon du Fournel, lumière du soir

Le soir venu, je m’installe dans un abri pour randonneurs situé en face de la Grande Cabane, réservée aux bergers. Cet abri est plutôt nauséabond et malsain, mais il a le mérite d’exister !

Jour 6: samedi 30 juin 2018

Grande Cabane (2235 m) – Pas de la Cavale (2735 m) – refuge du Pré de la Chaumette (1790 m) – Col de la Vallette (2680 m) – Col des Gouiran (2597 m) – Col de Vallonpierre (2607 m) – Pic de Vallonpierre (2741 m) – Refuge de Vallonpierre (2271 m) (Dénivelé positif: 1809 m, dénivelé négatif: 1773 m)

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Grande Cabane (2235 m) – Vallon du Fournel, lumière du matin

Grand et beau soleil ce matin. Je suis complètement seul dans ce vallon et savoure ce face-à-face avec la montagne.

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Vallon du Fournel, en montant vers le ‘Pas de la Cavale’

 

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Pas de la Cavale (2735 m)

Cette journée s’annonce particulièrement longue avec le passage de 4 cols et l’ascension d’un petit sommet… mais elle se révèlera être le coup de coeur de ce voyage: cheminer tout le jour dans ces montagnes, avec comme compagnons les animaux sauvages, les fleurs si mignonnes et le vent est un Pur Bonheur…

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Couleurs rayonnantes aux environs du refuge du Pré de la Chaumette

Les couleurs des alpages sont sublimes en ce début d’été: des pans entiers de montagne sont couverts par le rose et le rouge des rhododendrons en fleurs qui répondent à merveille au bleu intense du ciel.

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Sirac (3441m) depuis le Pic de Vallonpierre (2741 m)

Du sommet du Pic de Vallonpierre (2741 m), j’observe la face Est du Sirac (3441m), qui dégage de par son isolement et sa sauvagerie une vraie beauté. Quand le dernier rayon du jour touche sa pointe sommitale, je m’empresse de rejoindre les abords du refuge de Vallonpierre aux alentours duquel je bivouaque pour la nuit.

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Dernier rayon de soleil sur le Sirac

Jour 7: dimanche 01 juillet 2018

Refuge de Vallonpierre (2271 m) – la Chapelle-en-Valgaudemar (1091 m) – Aspres-les-Corps (981 m) (Dénivelé positif: 216 m, dénivelé négatif: 1386 m)

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L’ancien refuge de Vallonpierre (2271 m)

Du refuge de Vallonpierre, en redescendant par le vallon de la Severaisse, je rencontre des bergers accompagnés de leur troupeau qui monte à l’estive: l’été est bel et bien là! Un peu plus bas, au village de la Chapelle-en-Valgaudemar, la chaleur est devenue si accablante qu’elle m’empêche de marcher durant l’heure de midi: ce ne sera que le soir venu que je pourrai reprendre la route pour marcher jusqu’à la nuit tombante.

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En redescendant du refuge, dans le vallon de la Severaisse, face Nord du Sirac.

Jour 8: lundi 02 juillet 2018

Aspres-les-Corps (981 m) – Corps (940 m) – Notre-Dame de la Salette (1802 m) – Le Chamoux (2198 m) A/R (Dénivelé positif: 839 m, dénivelé négatif: 171 m)

Je souhaitais, au cours de ce voyage, faire un petit crochet par le sanctuaire de Notre-Dame de la Salette dont j’avais beaucoup entendu parlé étant enfant. C’était aussi l’occasion de prendre un peu de repos et de pouvoir profiter pour une nuit d’une chambre confortable. Du sanctuaire, deux petits sommets sont facilement accessibles: le Chamoux (2198m) et le Mont-Gargas (2208m). L’un et l’autre offrent de superbes panoramas.

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Notre-Dame de La Salette (1802 m)

Le sanctuaire est situé en plein coeur de jolis alpages de moyenne montagne. C’est un lieu de pèlerinage très fréquenté par des chrétiens de toutes origines.

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Coucher de soleil depuis ‘le Chamoux’ (2198 m)

 

Jour 9: mardi 03 juillet 2018

Notre-Dame de la Salette (1802 m) – Mont Gargas (2208 m) – Entraigues (762 m) – cabane de la Selle (2020 m) (Dénivelé positif: 1664 m, dénivelé négatif: 1446 m)

En quittant tranquillement le sanctuaire ce matin, je rejoins le sommet du Mont-Gargas, infesté de moustiques (!), et continue mon chemin, à travers des alpages (trempés et glissants), pour rejoindre le sentier situé de l’autre côté de la montagne.

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Croix sur le Mont Gargas (2208 m)

En cours d’après-midi, des nuages menaçants me font craindre un orage pour la nuit… Heureusement, une bonne âme rencontrée dans un village, me parle de la Cabane de la Selle en me certifiant qu’elle est ouverte au public à cette période. En effet, cette cabane se révèlera être un excellent abri, offrant toutes les commodités nécessaires (lits, table, source d’eau, lumière).

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Cabane de la Selle (2020 m)

Jour 10: mercredi 04 juillet 2018

cabane de la Selle (2020 m) – Brèche du Périer (2491 m) – Lac du Lauvitel (1499m) – le Bourg-d’Oisans (722 m) (Dénivelé positif: 471 m, dénivelé négatif: 1796 m)

Un dernier col, passé à la Brèche du Périer (2491m) en compagnie des chamois, et me voilà (déjà!) presque à la fin de ce voyage! Dernier cadeau du chemin, les eaux turquoises du Lac Lauvitel dans lesquelles se reflètent les montagnes des alentours… En amont de ce lac, et visible sur la photo ci-dessous, se trouve une réserve naturelle unique en France: la réserve intégrale du Lauvitel. Cette dernière, destinée à l’étude de l’évolution des écosystèmes, est totalement interdite au public.

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Les eaux émeraudes du lac Lauvitel (1499 m)

D’ici, il ne me reste plus qu’à rejoindre, par un chemin facile, le village de Bourg-d’Oisans d’où j’étais parti 10 jours plus tôt… La boucle est bouclée…